WAFI (‘WeAreFoodInnovators’) est une startup française qui produit des shakers à base d'insectes et de végétaux pour offrir une meilleure alimentation nutritive et écologique. Derrière ce projet se trouvent Eva Berthe et Josepha Saint-André deux jeunes femmes scientifiques et entrepreneuses.
1. Parlez-nous de votre parcours. Comment vous est venue l’idée de WAFI et quelles sont les différentes étapes qui ont mené à la réalisation de ce projet?
Eva: J’ai rencontré Josepha pendant mon Master Spécialisé en Entrepreneuriat et Innovation à l’ESCP et on a découvert qu’on était toutes les deux passionnées par les enjeux de l’alimentation durable. Ayant une double nationalité Française-Mexicaine, Josepha avait connaissance des propriétés nutritives des insectes qui sont consommées au Mexique comme source de protéines. Évidemment, en Europe les barrières culturelles empêchent la consommation d 'insectes. C' est pour cette raison qu’on a décidé de créer un produit qui ne se focalise pas sur le visuel et qui est facile à prototyper - la poudre pour shakers. On s’est lancés sur une étude de marché de la nutrition sportive et on a observé que les sportifs d'extérieur (pas ceux de salles de fitness) sont plus susceptibles d'adopter un produit comme WAFI qui offre une solution pleine de nutriments qui est en même temps naturelle et durable. C’est sur cette idée que nous avons alors travaillé pour développer notre startup.
2. Quelles sont les barrières/obstacles que vous avez rencontrés lorsque vous développez cette idée?
Eva: Le domaine de l'alimentation en Europe est sévèrement réglementé par des lois qui ne se bougent pas facilement. La réglementation est une bonne chose mais pour ceux qui cherchent à introduire des nouvelles solutions sur le marché, comme WAFI, elle ne nous est pas toujours favorable. Jusque récemment la commercialisation pour la consommation d'insectes était interdite en Europe, notamment en France. On a dû alors nous allier avec des organisations afin de rendre notre produit éligible pour le marché. Les barrières législatives restent encore un grand obstacle pour nous, un fait assez paradoxal, considérant le fait que la consommation d’insectes est présente dans d'autres cultures depuis des milliers d’années. Respecter les étapes pour créer une entreprise sans aide financière est un autre défi. Il était difficile de trouver les moyens pour tester notre prototype. D'autres barrières auxquelles nous faisons face sont : la levée des fonds à travers des subventions et le fait de manager un emploi de temps entre le temps que nous accordons à notre start-up et notre travail en entreprise.
3.Vous avez privilégié un produit qui est simple (7 ingrédients seulement!) et naturel. Dans un monde d’accélération technologique, pourquoi ces qualités sont-elles importantes pour vous?
Eva: Nous partageons l’idée que la connaissance technologique ne doit pas toujours conduire à la création de produits complexes. Consommer des insectes est simple, une solution fondamentale qui nous est offerte depuis des siècles. Revenir au naturel ne signifie pas un retour en arrière mais une prise de conscience que le basique marche aussi, et parfois mieux. Il ne faut pas oublier que l'accélération technologique porte avec elle d’autres risques comme des cancers dûs aux toxines et etc. De plus, on observe aujourd’hui une prise de conscience des consommateurs qui veulent savoir quels éléments sont présents dans les produits qu’ils consomment. Avec WAFI nous privilégions des produits naturels et des conservateurs à base de plantes qui sont faciles à comprendre. On aimerait avoir une labellisation «bio» (vu que 75% de notre produit est d’origine biologique) mais ce label n’existe pas encore pour les insectes en Europe… on attend que le domaine se développe.
4. Comment voyez-vous le futur de l’alimentation durable en Europe, surtout celle à base d’insectes et de végétaux?
Eva: Je me dis que le futur ce n’est pas de créer de la viande de synthèse en laboratoire, mais de revenir aux choses basiques. La question qu’il faudrait se poser est celle de savoir pourquoi est ce qu'on consomme autant de viande, parce que qu’il a été prouvé par les diététiciens qu’on a pas besoin d’en consommer autant. Ce qui permettrait de réduire la consommation de facto augmenterait la qualité des conditions de production. Aussi la question du plant based, exemple pris de la protéine de soja qui n’est pas naturel en qui ne peut pas être consommée comme une source de protéine unique. Il a été prouvé que la substitution totale de la viande avec du soja porte des effets néfastes sur la santé. De plus, le soja n’est sur le plan écologique pas une solution durable. Je crois que le futur c'est de faire des choses simples, revoir nos modes de vie, et revenir au Naturel.
5. Quels conseils auriez-vous pour des jeunes entrepreneurs qui aspirent à lancer leur propre startup?
Eva: Le premier conseil que je donnerai serait d’y croire. Jusqu'à ce que nous gagnions le Prix Innover et Entreprendre, personne n’a réellement cru en notre projet de la protéine d’insecte, que ce soit les professeurs ou nos camarades de classe. Si nous n’y avions pas cru et si nous ne nous étions pas accrochées nous aurions abandonné depuis le premier semestre de notre cursus. Ensuite il faut être résilient, parce qu'on ne crée pas une Licorne en un an. Il n’y a pas besoin de levée de fond pour commencer un projet, surtout ne pas se torturer avec les belles histoires de « succès story » sur LinkedIn. Il ne faut pas non plus se dire qu'on a pas une idée viable si on ne gagne pas un concours entrepreneurial. L’important c’est de se rapprocher de la concurrence, discuter votre idée et confronter les différents points de vue afin de mieux appréhender votre projet et le marché. Nous sommes par exemple allées sur le terrain pour parler avec des hommes et femmes sportifs pour discuter de leurs besoins. Enfin, se lancer et croire fermement en son projet même si toutes les conditions nécessaires à sa réalisation ne sont pas encore réunies.
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